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Dominique Dufayard, fils d'Annie et Edouard Dufayard

Réflexions sur le pemps présent

 

Ayant été formé par les textes classiques (littérature latine et grecque) ainsi que par l’Ancien Français et le Français de la Renaissance, j'eb suis arrivé à des conclusions personnelles assez différentes de la pensée ambiante conformiste. Ainsi,  qu’aurait pensé du concept des droits de l’Homme (et du Citoyen…) un Cicéron, un Aristote, un Platon ou même un Sénèque ? Les Grecs, pour sûr, pensaient que les autres peuples étaient des Barbares (ceux qui étymologiquement ne parlent pas mais BREDOUILLENT, signe de leur inhumanité). Les Latins se seraient amusés d’un texte prétendant que les Germains étaient leurs égaux sur le plan juridique, eux qui n’envisageaient pas même la citoyenneté romaine pour l’ensemble des peuples de leur Empire. Quant à Montaigne et ses réflexions bien connues, il ne faut pas oublier qu’il était très en avance sur les mentalités de son temps et influencé par les théologiens les plus en pointe, déroutés par ces sauvages que Dieu se doit de pouvoir d’accueillir en Paradis puisqu’ils n’ont pas pu connaître l’Evangile avant le débarquement des Européens et sont donc mécaniquement lavés de leur ignorance et d’une partie de leur conduite avant cette date. Une conception théologiquement impeccable, qui ne s’est guère imposée en raison de ses conséquences (je pense ici au film Mission par exemple).

Les textes du 17° et 18° siècle sont plus parlants et proches de nous, mais au fond trop proches pour que nous les acceptions comme un fait « naturel » et une évidence.

Au fondon peut remettre en question ce que l’on appelle en Occident le droit naturel (Jus naturale) et qui n’est jamais que l'application dans le domaine juridique de notre conception chrétienne et anthropocentrée de la Nature.

J’approuve totalement la méthode d’analyse historique d’un concept … et ses conclusions dérangeantes (inaudibles presque pour beaucoup de nos concitoyens européens) : d’une façon générale c’est une méthode féconde et sûre, trop peu employée par ignorance et naïveté.

Mais ses conclusions sont la plupart du temps déstabilisantes pour les bien-pensants et les lieux communs de notre époque (ces fameux Topoi dont les Grecs déjà se moquaient). Dans un semblable élan on pourrait remettre en cause la Démocratie (directe, indirecte), la conception actuelle de la Justice (défense et compassion pour les Victimes) …

Un trouble, un effroi nous saisissent alors : déconstruire, oui. Mais remplacer par quoi ? On ne peut s’empêcher de souhaiter une « petite lumière » qui sauverait un peu la condition humaine.

Au fond Camus (et son professeur de philosophie) avait visé juste en réécrivant le Mythe de Sisyphe, notre actuelle Caverne. Nous sommes condamnés à remonter notre pierre au sommet une fois de plus, après qu’elle a roulé depuis le sommet … pour rien, parce que nous sommes des Hommes, de simples Mortels (des Brontoi aux yeux des Grecs, très diserts sur la faiblesse de notre Condition quand on la compare à celle des Immortels) orgueilleux et fiers, qui devons faire ce contemporain Pari -et non plus celui de Pascal, dès lors que les Dieux sont morts comme l’avait prophétisé Nietzche. Situation absurde où le cosmos et l’évolution nous jettent, que nous affrontons chacun avec nos faibles forces, à la manière pascalienne, même si la réponse est différente.

In fine nous sommes amenés à prôner quand même un espoir fragile ainsi que le refus des facilités qu’offriraient l’Ignorance ou les naïveté de toutes obédiences qu’elles soient philosophiques, politiques ou religieuses : « Deus, sive Natura » disaient déjà au 16°siècle Spinoza !

Encore une ou deux idées personnelles :

On peut intégrer à la méthode historique l’analyse comparative des grammaires des langues anciennes indo-européennes, laquelle permet de saisir nettement et de dater l’invention des concepts de modalité de l’action, le développement progressif de la notion de temps absolu et relatif….

A notre époque, pour progresser dans le Labyrinthe, on ne peut faire l’économie des découvertes de la Biologie du cerveau ou des acquis de la recherche sur le comportement des hommes au Paléolithique.

De nouvelles lectures s’imposeront à nous, ainsi que des temps de méditation

Dominique Dufayard

Nice, ce 15 novembre 2021